La lettre d’Albert Pike à Mazzini (3)

 

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Quand se produiront les circonstances favorables, si tel ou tel pays ayant été mieux travaillé que d’autres, a déjà supprimé totalement le budget des cultes et réduit les prêtres de la superstition aux offrandes des fidèles, rendues de plus en plus restreintes par des obstacles légaux, dans ce cas, il sera utile, dans ce ou ces pays, de rétablir les subversions de l’Etat aux membres des divers clergés et même de se montrer généreux envers les prêtres de l’adonaisme qui accepteront la nouvelle situation. On proclamera bien haut que l’Etat, voulant protéger la religion dès l’instant qu’elle n’est plus un prétexte de complots avec étranger, doté magnifiquement le corps sacerdotal. Rien ne devra être négligé pour assurer le morcellement de la religion d’Adonai et lui enlever son caractère d’internationalité. C’est là, en effet, ce qui permettra, un peu plus tard, de l’extirper complètement et d’une façon définitive. On ne saurait donc trop agir en vue d’amener un jour ce résultat si important, sans se laisser décourager jamais par les difficultés de l’entreprise.

Au surplus, nous devrions nourrir dans nos cœurs non seulement l’espoir, mais même la certitude, que l’accomplissement du morcellement de l’adonaisme n’est pas une chimère ; car cela nous est promis par la révélation, au livre intitulé « De la Rédemption », dans l’APADNO. « Il est dit que le Pape de la superstition, siégeant à Rome à l’époque du morcellement, refusera d’acquiescer à la nouvelle situation de son Eglise, et qu’il lancera ses foudres, désormais impuissantes, contre les gouvernements participant à cette grande œuvre de salut social. Alors, il sera abandonné par une multitude de ses prêtres dans les divers pays, attendu que beaucoup auront été gagnés d’avance à nous; l’Italie l’expulsera, et la Papauté maudite sera errante et obligée de rentrer quelque temps dans les ténèbres; car les gouvernements porteront des peines sévères contre ceux qui lui maintiendraient leur adhésion et qui conspireraient ainsi avec elle. » Mais il est écrit aussi que le Pape-Errant, pasteur d’un troupeau dispersé, pilote de la barque désemparée de Céphas, et sixième successeur de l’homme d’orgueil sous qui s’est écroulé le pouvoir temporel du pontificat infâme, sera recueilli, après expulsions sur expulsions, par l’autocrate slave, qui affectera de lui rendre de grands honneurs.

L’adonaisme tentera alors de se reconstituer comme avant l’expulsion de Rome ; le Pape-Errant étant près de mourir en Russie, l’autocrate impérial se prosternera à ses pieds, et les nations pratiquant jusque-là l’orthodoxie, c’est à dire le religion schismatique d’Orient, se rallieront assez rapidement à l’ancien catholicisme romain, vomi d’Italie. Le Pape-errant, à son lit de mort, sera joyeux de voir ces nouveaux adeptes remplacer les occidentaux récemment séparés de son Eglise, et, au sein des nations qui auront opéré le morcellement de l’adonaisme, il aura encore des fidèles, ceux-ci se cachant pour se livrer aux pratiques de la superstition réprouvée ; avant d’expirer, il aura maintenu l’épiscopat aux évêques du schisme d’Orient, et il aura institué, parmi eux, des cardinaux grecs et russes.

Son successeur sera un slave ; le siège de la Papauté adonaite sera établi dans la ville septentrionale de Pierre, sous la réserve de reconquérir Rome. Mais ce sera en vain que l’autocrate impérial, dans l’espoir d’étendre sa domination, se fera le croisé de l’adonaisme ; ses efforts n’aboutiront point, et l’Eglise naguère romaine demeurera morcelée dans les nations de l’Occident européen. Ainsi, la Russie sera le dernier refuge et le dernier rempart de l’adonaisme se prétendant catholique.

« Chez les peuples occidentaux, dès que le nouveau régime religieux sera légalisé, il faudra supprimer radicalement ces propagandistes dangereux qui s’intitulent missionnaires et vont chez nos frères d’Asie, ainsi que chez les idolâtres d’Afrique et d’Océanie dont la conversion doit être notre œuvre, porter le mensonge de leurs prédications empoisonnées. Les gouvernements interdiront, sous les peines les plus sévères, ces émigrations détestables, qui sont de nature à créer d’incessants conflits avec les nations asiatiques, dont la foi, devenue alors parfaitement éclairée par les efforts des sages prêtres tibétains unis à notre maçonnerie auxiliaire des Indes et de la Chine, devra être respectée. Et, sans attendre l’époque éloignée de ces événements, tout maçon a, dès à présent, le devoir de combattre, par la plume et la parole, les missionnaires dits catholiques et de souffler dans le monde profane le mépris d’eux et une haine inextinguible. Ces missionnaires sont nos plus mortels ennemis. Quiconque, franc-maçon, ne les combattra pas, sera tenu pour traître; quiconque s’associera à leur action néfaste ou seulement l’appuiera par un éloge public sera frappé de mort.

Enfin, il sera bon d’entretenir, dans les basses classes de toute nation, le ferment des idées révolutionnaires, même celles des socialistes les plus portés aux extrémités violentes. L’athéisme étant mauvais par lui-même et détournant de son vrai but toute œuvre de rénovation humanitaire antichrétienne, il nous faut le canaliser et le mêler aux doctrines sociales les plus exagérées, qui sont destinées à l’insuccès final, ne pouvant qu’occasionner un bouleversement momentané, immédiatement suivi d’une énergique réaction.

Or d’une part, nous discréditerons au dernier degré la théorie superstitieuse de la divinité, de telle façon que les peuples encore imprégnés d’adonaisme s’en détacheront peu à peu et finiront par n’y plus croire aucunement, et les derniers prêtres de l’adonaisme morcelé, émietté, seront tout à fait acquis à nous dans les temps du nouveau régime religieux, lequel sera un état de transition, comme le déisme libre-penseur; d’autre part, nous nous garderons bien d’arracher de la multitude la croyance au surnaturel divin, mais nous nous bornerons à proclamer en toute occasion l’existence d’un être suprême, sans faire connaître publiquement encore nos saintes traditions et nos révélations mystiques. Ainsi le veut le Dieu-Bon.

C’est pourquoi, lorsque l’empire autocratique de Russie sera devenu la citadelle de l’adonaisme papiste, nous déchaînerons les révolutionnaires nihilistes et athées, et nous provoquerons un formidable cataclysme social, qui montrera bien aux nations, et dans toute son horreur, l’effet de l’incroyance absolue, mère de la sauvagerie et du plus sanglant désordre. Alors, partout, les citoyens, obligés de se défendre contre la minorité folle des révoltés, extermineront ces destructeurs de la civilisation; et les innombrables désabusés de l’adonaisme, dont l’âme déiste sera jusqu’à ce moment restée sans boussole, ayant soif d’idéal, mais ne sachant à quel dieu décerner leurs hommages, recevront la vraie lumière, par la manifestation universelle de la pure doctrine luciférienne, rendue enfin publique, manifestation qui surgira du mouvement général de réaction, à la suite de l’écrasement de l’athéisme et de l’adonaisme, tous deux vers le même temps vaincus et exterminés.

L’enfantement de la religion de Lucifer dieu-bon, s’établissant à jamais sans rivale sur le globe terrestre, ne saurait être une opération instantanée, ni d’un an, ni d’un lustre, ni d’un siècle. L’œuvre durable est celle qui se crée par progression lente. Le XIXème siècle a vu la conception du vrai et bon catholicisme ; le XXème siècle sera le siècle de la gestation, pour amener sûrement la parturition à son terme fixé dans le livre des cieux (29 septembre 1996 de l’ère chrétienne alors finie).

Ecrit et donné en Solennelle Vote, et signé, aux pieds du Palladium Sacré, par le Souverain Pontife de la Franc-Maçonnerie Universelle et par les dix Anciens composant le Grand Collège des Maçons Emérites, au Suprême Orient de Charleston, en la Vallée chérie du divin Maître, le 29e et dernier jour de la Lune Ab de l’an 000871 de la vraie lumière (15 août 1871, ère vulgaire). »

Tel est le plan secret, qui, formule et résume la tactique et les espérances de la secte.

N’y a-t-il pas lieu de prononcer, pour conclure, la mystérieuse réponse du mot sacré des chevaliers Kadosch ?

« Pharasch-Chol. » Tout est expliqué.

Extrait du discours de Pike du 4 juillet 1889, destiné aux membres du 32e degré du « Rite écossais » :

« Nous vénérons un dieu qui est, en fait, un dieu qu’on prie sans superstition. Nous tous, initiés de haut grade, devons continuer à vivre notre religion dans la pureté de l’enseignement de Lucifer. Si Lucifer n’était pas dieu, serait-il calomnié par Adonaï (le Christ) dont les actes témoignent de cruauté, de haine envers son prochain (…) et de rejet de la science ? Oui, Lucifer est dieu et Adonaï est aussi, hélas, dieu.

La loi éternelle dit qu’il n’y a pas de lumière sans ombre, de beauté sans laideur, de blancheur sans noirceur, car l’absolu ne peut exister que dans deux dieux. (…) C’est pour cela que l’enseignement du satanisme est de l’hérésie. La vraie religion philosophique, c’est la foi en Lucifer, le dieu de la lumière mis au même rang qu’Adonaï. Mais Lucifer, dieu de la lumière et du bien, se bat pour les hommes contre Adonaï, Dieu de l’obscurité et du mal. »

(Gary Allen : « Die Insider », p. 222)

On peut lire, d’ailleurs, cette citation, en anglais et en français, dans le dossier de Pike qui se trouve à la bibliothèque du Rite écossais à Washington D.C.

Giuseppe Mazzini

Giuseppe Mazzini, né le 22 juin 1805 à Gênes et mort le 10 mars 1872 à Pise, est un révolutionnaire et patriote italien, fervent républicain et combattant pour la réalisation de l’unité italienne. Il est considéré avec Giuseppe Garibaldi, Victor-Emmanuel II et Camillo Cavour, comme l’un des « pères de la patrie ».

Mazzini a participé et soutenu tous les mouvements insurrectionnels en Italie qui se sont avérés pour leur grande majorité des échecs mais son action a eu pour effet d’ébranler les petits États de la péninsule et d’inquiéter les plus grands comme le Royaume de Sardaigne, puis le Royaume d’Italie à partir de 1861, la France et l’Empire d’Autriche dont Metternich, Premier ministre autrichien, dit de lui : « J’ai dû lutter avec le plus grand des soldats, Napoléon. Je suis arrivé à mettre d’accord entre eux les empereurs, les rois et les papes. Personne ne m’a donné plus de tracas qu’un brigand italien : maigre, pâle, en haillons, mais éloquent comme la tempête, brûlant comme un apôtre, rusé comme un voleur, désinvolte comme un comédien, infatigable comme un amant, qui a pour nom : Giuseppe Mazzini. »

Ses idées et son action politique ont largement contribué à la naissance de l’État unitaire italien alors que les condamnations des différents tribunaux de l’Italie l’ont forcé à l’exil et la clandestinité jusqu’à sa mort. Les théories mazziniennes sont d’une grande importance dans la définition du mouvement moderne européen par l’affirmation de la démocratie à travers la forme républicaine de l’État. En politique italienne, il constitue une référence permanente, ce qui lui a valu d’être récupéré par toutes les tendances politiques : le fascisme, la résistance et sa famille républicaine.

Albert Pike, Discours prononcé en France en 1889

Adressé aux hauts degrés de la maçonnerie de « Rite Palladique », publié par la revue anglaise « The Freemason » dans son numéro du 19 janvier 1935 :

« Voilà ce que nous devons dire aux foules : “ Nous adorons un dieu, mais c’est le dieu qui s’adore sans superstition ”. A toi, Souverain Grand Instructeur Général, nous disons ceci, que tu peux répéter aux Frères des 32°, 31° et 30° : “ La Religion maçonnique devrait être maintenue, par nous tous initiés de hauts degrés, dans la pureté de la doctrine luciférienne. Si Lucifer n’était pas dieu, Adonaï (le Dieu des chrétiens) dont les actions prouvent sa cruauté, sa perfidie, sa haine pour l’homme, sa barbarie et sa répulsion pour la science, l’aurait-il calomnié avec ses prêtres ? Oui, Lucifer est Dieu, et malheureusement Adonaï est aussi Dieu. Par la loi éternelle selon laquelle il n’y a pas de lumière sans ombre, de beauté sans laideur, de blanc sans noir, l’absolu peu seulement exister comme deux divinités : l’obscurité étant nécessaire à la lumière pour lui servir de contraste, comme le piédestal est nécessaire à la statue et le frein à la locomotive… La doctrine du Satanisme est une hérésie ; et la véritable et pure religion philosophique est la foi en Lucifer, l’égal de Adonaï ; mais Lucifer, dieu de lumière [avec l’une de ses orgueilleuses devises : Post tenebras lux] et dieu du bien, lutte pour l’humanité contre Adonaï, le Dieu des ténèbres et démon ».

(Epiphanius « Maçonnerie et sectes secrètes : le côté caché de l’histoire », pp. 508-509)

Le livre Apadno

L’Evangile de la messe est extrait du livre Apadno écrit à l’encre verte par Lucifer et signé par lui. Ce manuscrit, donné à Albert Pike, est enfoui au Sanclum Regnum, dans l’autel triangulaire de Charleston, là où s’étale non plus l’idole de Lucifer, mais le dieu lui-même, le Baphomet qu’aucune force humaine n’a pu arracher de son temple. Il ressemble au Bouc Androgyne des Templiers, mais le caducée a été remplacé par la rose sur la croix, au pied de laquelle se sacrifie le Pélican.


Lisez la quatrième partie de cet article 

 

yogaesoteric
9 juillet 2019

 

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