Les expériences au seuil de la mort (6)

Par Alain Moreau

Lisez la cinquième partie de cet article

Susan Blackmore considère que les NDE traduisent l’« auto-perception » du cerveau en train de se détruire. Il s’agit là d’une conception ridicule. Comme l’observe Ian Wilson, cette conception « n’explique en rien l’extrême lucidité et la conscience continue de ces personnes dont le cerveau subirait », selon Susan Blackmore, « ce prétendu processus de désintégration ».

Quant aux rencontres si réalistes avec des parents décédés, Susan Blackmore « n’en dit pratiquement rien ». 

On trouve, dans le numéro 43 (janvier-février 2015) de « Science et inexpliqué » (p. 25), une petite interview de Susan Blackmore. Cette dernière n’a évidemment pas évolué dans ses prises de position ineptes et réductionnistes à propos des NDE et décorporations. L’argumentation de cette doctoresse en psychologie environnementale (université de Surrey, 1974) est d’une platitude consternante. Sa décorporation a eu lieu le 8 novembre 1970 après une séance de relaxation avec des amis à l’université d’Oxford, alors qu’elle était étudiante. 

« J’ai alors ressenti des choses très étranges. Les yeux fermés, assise par terre les jambes en tailleur, je suis rentrée dans un tunnel lumineux et très coloré. D’un coup, en ouvrant les yeux, je me suis rendu compte que je me trouvais au-dessus de mon corps physique, reliée à lui par une sorte de cordon argenté. Je me suis déplacée dans la chambre en flottant puis j’ai traversé les murs sans aucune difficulté, me suis dirigée vers le toit du bâtiment en passant d’étage en étage. J’ai ensuite eu l’impression de survoler des villes d’Europe et d’Amérique du Sud, la Méditerranée, etc. Cette expérience, qui a marqué ma vie d’une façon indélébile, est certainement responsable de mon parcours intellectuel ultérieur, de la spiritualité qui m’anime ainsi que de la façon dont j’aborde la vie. » (S. Blackmore)

Notons d’abord ce curieux lien entre la « spiritualité » et une expérience – qui, vu le descriptif, est indiscutablement une expérience de sortie hors du corps, contrairement à ce qu’insinuait Ian Wilson – qui aurait dû prouver à Susan Blackmore l’indépendance de la conscience par rapport à l’organe cérébral, mais qui, au contraire, a amené la « décorporée » à défendre une position qui n’a pourtant strictement rien de « spirituelle » : il n’y a rien après la mort… Drôle de « spiritualité », en effet. Nous ne devons pas avoir la même définition de la spiritualité. Mais il est vrai que certains philosophes athées français comme Auguste Comte-Sponville et Michel Onfray plaident pour une spiritualité sans religion… Bref. Pour en revenir à Susan Blackmore, il faut insister sur le fait que cette personne, dont la conclusion erronée a été manifestement largement influencée par la formation académique universitaire qu’elle a reçue à la Faculté, constitue l’un des quelques rares cas uniques de personnes qui ont vécu une réelle décorporation mais qui sont devenues, contre toute attente, convaincues de l’inexistence de l’âme !! « Il n’y a ni âme ni esprit qui survive à notre disparition », clame-t-elle en effet du haut de son incompétence et de son ignorance doctorales… Notons cet autre commentaire inepte :

« Mon expérience de trente années à pratiquer la méditation zen, ce que j’ai appris sur les états modifiés de la conscience et la neuroscience, montrent que ce que le “ moi ” que nous considérons comme si important n’est qu’une construction éphémère du cerveau… Prendre conscience d’un tel état de fait atténue la peur de la mort. » (S. Blackmore)

Ah bon ? Être convaincu de l’inexistence de l’âme et d’une après-vie atténue la peur de la mort ? Wouahh… Qu’est-ce qu’il faut entendre et lire comme bêtises (y compris de la part d’une doctoresse en psychologie). Cela me rappelle les propos de « l’autre nihiliste », Michel Onfray, que j’ai entendu dire (je n’ai pas en tête les mots exacts), dans une émission télévisée, qu’il n’était pas nécessaire de croire à une vie après la mort pour donner un sens à sa vie, que la contemplation des étoiles suffisait (quelque chose comme ça). Comme si le fait de contempler les étoiles donnait un sens à sa vie… Quant au « moi », Susan Blackmore confond, toute pratiquante de méditation zen et étudiante en états modifiés de conscience qu’elle est, le petit moi ou la personnalité spécifique à une incarnation (qui, en effet, est « mortel » ou « mortelle ») avec le Moi supérieur, l’âme ou l’Esprit, qui, lui ou elle, constitue le fondement de l’être et perdure au fil des incarnations et dans l’univers spirituel.

Susan Blackmore dit à tort, dans l’interview, qu’aujourd’hui « nous cernons assez bien les processus physiques à l’oeuvre au cours d’une EMI ». Je montre, dans ce texte, l’inanité de ces processus physiques allégués.

A propos de l’étude réalisée par l’équipe du docteur Sam Parnia (étude que j’évoque plus loin : « VIII. A propos d’une étude de Sam Parnia »), Susan Blackmore rappelle que Sam Parnia a placé des cibles au-dessus des gens pour attester qu’ils les voyaient ou non une fois en état de décorporation, mais que cela n’a jamais été le cas.

Cet échec était cependant prévisible, la conscience décorporée ayant autre chose à faire, lors d’un tel événement traumatisant associé à une mort imminente, qu’à chercher à identifier une cible cachée. Tout au plus, ce type d’expérience peut être envisagé avec des sujets capables de provoquer une décorporation par un acte de volonté, mais assurément pas avec des décorporés confrontés à une mort imminente… La preuve de la décorporation pourra être obtenue, non pas en tentant de localiser des cibles à l’approche de la mort, mais en inventant un appareil permettant de photographier ou de filmer le corps subtil d’un sujet pratiquant la décorporation ou le corps subtil d’un mourant…

Dans le récit de sa décorporation, donné ci-dessus, Susan Blackmore évoque « une sorte de cordon argenté » reliant sa conscience extériorisée à son corps physique. On peut voir plusieurs photos – au chevet d’une mourante – de la corde d’argent, cette dernière n’ayant rien d’imaginaire, dans mon texte : « Le processus de la transition et les premières phases de l’après-vie. Première partie. »)

Commentant son vécu extracorporel en 1970, Susan Blackmore fait cette « analyse » :

« En prenant du recul, en y repensant, j’ai remarqué que le toit de l’université, les tuiles, la disposition des cheminées, ne correspondaient pas du tout à la réalité. Ce qui m’a mis la puce à l’oreille… J’en ai conclu que ce voyage était le fruit d’une construction imaginaire et onirique, que mon cerveau avait fabriqué un monde totalement illusoire. »

Ainsi, le problème demeure : comment expliquer que des personnes, comme Susan Blackmore et Catherine Lemaire, ayant eu l’occasion de vivre des OBE (une seule pour Susan Blackmore), en soient venues à la conclusion qu’il ne s’agissait là que de constructions imaginaires ? La réponse, la voici : William Buhlman (qui ne cite pas ces deux auteures) – un praticien de la décorporation – écrit que lorsque l’on sort du corps physique, la première dimension « non-physique » généralement observée semble être une réplique exacte du monde physique. En fait, ajoute-t-il, cet environnement d’énergie s’avère semblable à l’environnement physique mais non identique :

« Des objets tels des chaises, des portes, des lits et des pièces entières auront souvent une apparence légèrement différente de celle qu’ils ont dans votre environnement physique.

La raison de ces différences est simple. Les objets et environnements observés au sein du premier niveau énergétique de l’Univers ne sont pas de nature physique. Ils sont similaires à des moules d’énergie de votre environnement physique (…).

De nombreuses personnes ont été amenées à croire qu’elles observaient leur environnement physique à partir d’une nouvelle perspective. Elles s’attendaient à ce que leur environnement soit identique à leur monde physique, et lorsque leurs attentes sont déçues elles deviennent facilement déconcertées ou désorientées. A la suite de quoi certaines personnes en viennent à la conclusion que leur expérience de sortie hors-corps toute entière n’était qu’un rêve, et ce, uniquement parce que l’environnement observé ne correspondait pas à leurs attentes du point de vue physique (…) » 

Il existe une autre caractéristique intrinsèque à l’environnement « non-physique » qui explique la confusion d’auteurs comme Susan Blackmore et Catherine Lemaire qui ramènent l’OBE à la construction par le cerveau de mondes illusoires. J’ai déjà mentionné que la « substance astrale » était particulièrement sensible à la pensée. Voici ce que William Buhlman écrit à ce propos :

« La pensée a un effet puissant sur notre expérience et notre environnement “ non-physique ”, tout particulièrement la pensée focalisée sous la forme d’une demande résolue. La “ pensée-énergie ” focalisée commencera immédiatement à restructurer et modeler l’énergie “ non-physique ” environnante. En fait, nos pensées, autant conscientes que subconscientes, créent un moule ou pattern d’énergie. Nos pensées interagissent avec l’énergie subtile de l’environnement “ non-physique ” et commencent à le restructurer suivant le contenu de nos schèmes de pensée. Vous allez vite découvrir que seuls des types précis d’environnements réagissent sur-le-champ à votre “ pensée- énergie ” ; les environnements densément formés et établis seront résistants au changement. »

De plus, la réalité perçue dans un environnement sensible à l’influence de la pensée « est déterminée par la fréquence d’énergie personnelle (la densité) de l’observateur, ainsi que par les pensées conscientes ou subconscientes dominantes ». 

William Buhlman donne une explication intéressante du tunnel d’énergie menant à une éblouissante lumière ou à un nouvel environnement dans les NDE :

« Les observations résultant d’explorations hors-corps faites sous contrôle conscient semblent indiquer que le tunnel de lumière est une ouverture dans la membrane d’énergie “ non-physique ” séparant la dimension physique de la dimension “ non- physique ” parallèle. Le tunnel d’énergie communément observé lors d’une expérience de séjour dans l’au-delà est en fait une ouverture ou brèche temporaire extrêmement bien structurée dans la membrane d’énergie “ non-physique ”, et elle semble s’ouvrir automatiquement pour permettre aux formes de vie de passer au travers. Après l’entrée de la forme de vie (conscience) dans la dimension d’énergie de fréquence supérieure, l’ouverture du tunnel revient immédiatement à sa forme initiale. »

Ainsi, le passage dans le tunnel correspond à « l’ouverture de la première membrane intérieure d’énergie ». Elle survient automatiquement « lorsqu’une personne meurt et pénètre à l’intérieur de l’univers multidimensionnel ». Le tunnel « se referme immédiatement après le passage de l’individu dans l’autre dimension ». 

S’agissant de l’utilisation de drogues pour provoquer une OBE, William Buhlman observe avec raison que la clé « de la réussite d’une sortie hors-corps valide et productive est une concentration et une maîtrise mentale absolues ».

« Sans une parfaite maîtrise intérieure, on ne peut faire la distinction entre les réalités interdimensionnelles perçues au cours de nos explorations hors-corps, et les hallucinations et images internes que l’on peut se créer soi-même. Le contrôle est la clé d’une expérience productive et riche d’enseignements, et le contrôle est la première chose que l’on perd lorsqu’on utilise une quelconque substance psychotrope ». (W. Buhlman)

William Buhlman croit « fermement que les explorateurs des dimensions “ non-physiques ” ne devraient utiliser aucune drogue ». Pourquoi, demande-t-il, « contaminer notre véhicule biologique lorsque d’excellents résultats peuvent être obtenus par des voies naturelles ? ».

V. Perte de conscience et NDE :

On a évoqué, dans le bulletin « Ondes », un article diffusé par le NIDS (organisme de recherches privé américain étudiant les phénomènes connexes aux OVNIs et aux états de conscience modifiés), dans lequel un parallèle est fait entre deux phénomènes : les NDE et les pertes de conscience enregistrées chez des pilotes de chasse en exercice et lors de tests en centrifugeuse, à l’occasion d’une formation en aéronautique.

Lors de ces épisodes de perte de conscience induite par un accroissement de la gravitation, on a noté des caractéristiques communes aux NDE : vision d’un tunnel et d’une lumière éclatante, sensation de flotter dans l’air (expérience de décorporation)… L’hypothèse émise est que les deux phénomènes (NDE et perte de conscience) ne constitueraient que certains aspects ou certaines étapes d’un seul processus encore mal connu. Il y aurait une altération pathologique du système nerveux. 

Or, contrairement à ce que pense l’auteur de l’article, cela ne permet pas de supposer que les NDE se réduisent à un simple phénomène physiologique. Les sensations notées lors des pertes de conscience associées à l’accroissement de la gravitation peuvent fort bien s’expliquer par une réelle décorporation expérimentée à cette occasion, certains phénomènes physiologiques induisant la séparation de la conscience du corps physique…

VI. Les explications « scientifiques » de certains médias :

Qu’en est-il du traitement des NDE par certains médias français (télévision, presse scientifique…) ?

Les émissions télévisées sont généralement calquées sur ce modèle : présentation de quelques témoignages d’« expérienceurs » (témoins NDE), suivie de tentatives d’explications matérialistes et réductionnistes de scientifiques a priori hostiles à toute interprétation « spiritualiste ». J’ai déjà évoqué, et critiqué, quelques-unes de ces prestations télévisées : celle de 1998 (France 2, émission de Jean-Luc Delarue) avec le psychiatre Patrick Dewavrin, celle de juin 2000 avec le psychiatre François Bing (émission « Sans aucun doute »). On a également vu Patrick Dewavrin dans une émission de Sylvain Augier en janvier 2001…

Une séquence a également été consacrée aux NDE dans la deuxième émission (30 octobre 2001) du magazine télévisé de M6 : « Normal, paranormal ? », émission au cours de laquelle Chantal Quacchia et Michaël Atlan ont apporté leur témoignage d’« expérienceurs ». Le neurochirurgien Arnaud Biraben a évoqué le rôle éventuel des endorphines, alors que le neurologue Serge Bakchine a fait intervenir le « stress » et l’expérience de l’accouchement (référence à la lumière au bout du tunnel), l’hypothèse émise étant celle d’un dysfonctionnement d’une partie cérébrale.

Ces explications simplistes ne résistent pas à l’examen (j’ai déjà fait la critique de ces théories), et leur énoncé par des « spécialistes du cerveau » amène à se poser la question suivante : ceux-ci sont-ils des ignares complets en matière de NDE (ce qui les « autorise » à donner la première « explication » qui leur passe par la tête, en leur qualité de « spécialistes cérébraux ») ou leur est-il tout simplement impossible de concevoir une pensée sans cerveau ? Il est sûr que ces deux éléments interviennent dans leur cas, comme dans le cas de ceux qui font intervenir simplement les hallucinations. Dans cette même émission, le psychiatre Jean-Marie Abgrall a fait intervenir les hallucinations.

Dans deux autres émissions de ce magazine télévisé, un psychiatre et un physicien (George Charpak) ont aussi évoqué les hallucinations, une explication primaire qui, lorsqu’on connaît bien le dossier NDE, ne résiste pas à l’examen. Voyez tous les éléments, évoqués plus haut, allant à l’encontre de cette explication simpliste.

En janvier 2002, une séquence a été consacrée aux NDE dans le magazine de M6 : « E = M6 ». Le reportage se concluait par le caractère actuellement « inexpliqué » du phénomène ! Parmi les personnes interrogées, il y eut Evelyne-Sarah Mercier et Jean-Pierre Jourdan… Ce dernier a malheureusement cité un cas qui a été contesté par un « zététicien », ce cas pouvant s’expliquer, semble-t-il, par une cause banale. J’avais eu pour ma part connaissance de cette contre-enquête par un numéro – septembre 2001 – du bulletin « Ondes ». (Cas de Maria à l’hôpital de Seattle : la bottine rouge sur le toit de l’hôpital pouvait être observée de la salle d’opération, et le témoin était introuvable…)

Une émission sur les NDE, que je n’ai pu voir, a été diffusée sur Arte en avril 2000… (Voir le numéro de mars 2001 du bulletin « Ondes ».)

Lisez la septième partie de cet article

 

 

yogaesoteric

12 octobre 2019

 

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