Le Code secret de la Bible ou le Secret des 22 lettres sacrées

 

Les Lettres sont des traces sur la Grande empreinte Divine

Grâce à l’ordinateur, un savant israélien prétend avoir découvert tout de l’humanité dans le plus ancien livre du monde. De Hitler au premier vol sur la Lune ou à l’assassinat de Rabin, tout était écrit.

L’assassin de Rabin était écrit

Les lettres qui forment le nom d’Yitzhak Rabin sont entourées de cercles. Celles qui croisent les premières et sont signalées par des petits carrés composent la phrase « L’assassin assassinera ». Le code précisait la date en donnant l’année hébraïque qui commençait en septembre 1995. Le 4 novembre, Rabin était mort. Quatorze mois plus tôt, Eliyahu Rips avait averti le premier ministre.

Cet homme est un génie, ou un génial imposteur. Eliyahu Rips, un mathématicien israélien réputé, affirme avoir découvert un code secret à l’intérieur de la Bible. Le texte caché qu’il traque depuis près de vingt ans à l’aide de combinaisons sophistiquées et d’ordinateurs surpuissants serait une prophétie totale : tout ce qui s’est passé sur la terre depuis l’écriture du Livre des livres et tout ce qui adviendra y serait décrit avec une stupéfiante précision.

Rips assure qu’il a été informé de l’assassinat de Rabin et de bien d’autres événements, bien avant qu’ils ne se réalisent. Alors que l’Académie des sciences d’Israël vient de reconnaître officiellement la validité scientifique de ses travaux, Michael Drosnin, un journaliste américain de renom, lui consacre un livre, « La Bible : le code secret » chez Robert Laffont. De l’incrédulité à la fascination, le récit d’un voyage aux portes de la science et de la fiction.

« Le 1er septembre 1994, j’ai rencontré, à Jérusalem, un proche d’Yitzhak Rabin. Je lui ai remis une lettre en lui demandant de la donner en main propre au Premier ministre. J’y écrivais : un mathématicien israélien a découvert un code secret de la Bible qui semble décrire en détail des événements qui se sont produits des milliers d’années après que la Bible a été rédigée. La raison pour laquelle je vous écris, c’est que, la seule fois où votre nom en entier – Yitzhak Rabin – apparaît codé dans la Bible, il est barré par les mots “ L’assassin assassinera ”. Quatorze mois plus tard, le 4 novembre 1995, se produisait l’horrible confirmation : Yitzhak Rabin était abattu d’une balle dans le dos. »

C’est ainsi que commençait le récit édifiant de Michael Drosnin, un journaliste américain dont la vie a été bouleversée en 1991 par la découverte du code secret que contiendrait le Livre des livres. Drosnin est un ancien du Washington Post et du Wall Streetjournal, deux quotidiens très sérieux. C’est un journaliste d’investigation, plutôt sceptique, absolument pas porté au mysticisme ni à l’ésotérisme. « je ne suis que le reporter qui est tombé sur le code », précise-t-il.

Drosnin vérifie et contrevérifie son hypothèse délirante depuis plusieurs ans en faisant appel aux meilleurs spécialistes des probabilités et de la physique quantique. A présent, il peut se targuer, sinon de leur soutien, au moins de leur extrême indulgence. Mathématiquement, les travaux d’Eliyahu Rips, le savant israélien qui a initié Drosnin au code, sont inattaquables. Il y aurait bien une Bible sous la Bible : un réseau complexe de mots et de phrases cachés dans le texte hébreu de l’Ancien Testament qui révélerait tous les événements de l’humanité survenus depuis que Dieu s’est adressé à Moïse, et annoncerait tous ceux à venir.

Cet ensemble de cryptogrammes, qui dessine dans le corps dit texte sacré d’étranges mots croisés protéiformes et interconnectés, fonctionnerait comme un programme informatique interactif en constante évolution, d’une sophistication suprahumaine. « Quelque chose, dit Drosnin, d’aussi étrange pour nous aujourd’hui que l’aurait été un ordinateur pour les nomades du désert d’il y a trois mille ans. »

Depuis presque toujours, des premiers kabbalistes aux numérologues New Age, en passant par les alchimistes du Moyen Age, on a voulu « faire parler » la Bible. Le seul espoir de trouver la clé chiffrée qui expliquerait, ou éclairerait, les métaphores sibyllines des ancêtres mystiques des trois religions du Verbe, a épuisé de nombreuses vies. Newton lui-même, le père de la physique moderne, a sacrifié à l’obsession : jusqu’à sa mort, il a voulu prouver que l’Univers était un gigantesque cryptogramme mis en place par le Tout-Puissant.

Son biographe raconte qu’il voulait « déchiffrer l’énigme du cerveau de Dieu, l’énigme des événements passés et futurs divinement préconçus ». Dans les années 30, un rabbin de Prague s’est aperçu que, dans la Genèse, le livre de l’Exode, le livre des Nombres ou le Deutéronome, s’il commençait à une certaine lettre, puis en sautait cinquante, retenait la suivante, et en sautait à nouveau cinquante, cela quatre fois de suite, il obtenait le mot Torah.

A la main, et avec sa mémoire d’Homo sapiens, le rabbin n’a pas pu aller plus loin. « Le texte caché de la Bible, explique Drosnin, était codé à l’aide d’une serrure à retardement qui ne s’ouvrirait que lorsque le premier ordinateur aurait été inventé. » On disposerait donc, pour la première fois, de l’arme magique capable de percer les arcanes du Créateur. A condition d’avoir une puissance de calcul suffisante pour détecter les codes alternés qui jouent avec l’infinité de combinaisons existant entre les mots et les caractères de la Bible, plus ceux issus du cryptage, l’Homo sapiens de l’an 2000 va enfin pouvoir lire et comprendre la Bible. La vraie.

Tout v serait écrit, tout y serait « dit » : des événements et des hommes les plus exceptionnels aux plus anodins. Absolument tout. C’est ce que soutient mordicus Drosnin. Faute de stock illimité d’octets, Rips et Drosnin n’ont lancé leurs ordinateurs que sur la piste des V.i.p. de l’Histoire. Les élections américaines de 1992 : six mois avant, ils découvrent rattaché à « Clinton » son futur titre de « président ». Le Watergate : en face du scandale des plombiers de la Maison-Blanche, ils trouvent le nom de Nixon et la petite question : « Qui est-il ? Président, mais il a été chassé. » Grande dépression de 1929 : elle apparaît connectée avec « actions » et « effondrement économique ». Le premier pas de l’homme sur la Lune : il est codé avec « vaisseau spatial » et « Apollo 11 ». Ce dernier message était caché dans le passage de la Genèse où Dieu dit à Abraham : « Lève les yeux vers le ciel et compte les étoiles, si tu peux les dénombrer ! » De la même façon, « Auschwitz », codé avec « solution finale », « zyklon B », « Eichmann », était contenu dans le passage du texte courant parlant de « La fin de toute chair ».

A en croire Drosnin (on a le droit de rêver), chaque information est livrée avec un maximum de détails. Dans le langage crypté de la Bible, on parle « en clair ». Dans le même verset où il décrypte le nom de « Rabin » couplé avec la sentence « L’assassin assassinera », Drosnin découvre également le lieu (Tel-Aviv) et la date de l’attentat (5756v: de septembre 1995 à septembre 1996 dans le calendrier hébreu). Après le drame, qui lui confirme définitivement la validité du code secret, Drosnin réinterroge le texte : il s’aperçoit qu’à proximité de la révélation fatidique on lit un autre nom Amir. C’est celui de l’assassin de Rabin.

Bref, il y a trois mille ans, une intelligence supérieure aurait anticipé et codifié l’ensemble des événements futurs de la planète Terre. Puis, finalement, au début des années 80, un mathématicien opiniâtre, aidé d’un ordinateur et d’une foi à déplacer les montagnes (du savoir), aurait réussi à découvrir le divin mystère de l’agencement du monde. Au départ, ça semble dur à croire. On pense plutôt à un délire d’informaticien en proie à une forte fièvre millénariste. Le 19 mars 1996, Robert Aumann, un des experts mondiaux de la théorie des jeux, membre à la fois de l’Académie des sciences des Etats-Unis et de celle d’Israël, déclare solennellement devant cette dernière institution : « Le code de la Bible est un fait établi. Statistiquement, les travaux de Rips vont au-delà de ce qu’on exige d’ordinaire. Ses résultats sont significatifs à 1 pour 100.000. Vous ne trouverez tout simplement pas de résultats pareils dans les expériences scientifiques habituelles. » L’éminent savant précise : « Cela choque ma formation de mathématicien. C’est si différent de ce qu’on connaît en sciences. Il n’y a rien eu de comparable dans les centaines d’années de la science moderne. »

En 1992, quand Drosnin débarque pour la première fois en Israël, c’est pour faire l’interview du chef des services secrets. Il s’intéresse à l’époque aux conflits du Moyen-Orient. L’année d’avant, la guerre du Golfe, avec Saddam Hussein dans le rôle du nouvel Hitler doté du feu nucléaire, a sérieusement ravivé chez les Occidentaux la peur panique d’un troisième conflit mondial radical. Un jeune officier suggère à Drosnin d’entrer en contact avec le Pr Rips. « C’est un matheux qui a trouvé la date exacte à laquelle la guerre du Golfe s’est déclenchée. Dans la Bible. Trois semaines avant le début des hostilités. Incroyable mais vrai », lui dit-il. Juste avant de repartir aux Etats-Unis, Drosnin se rend chez Rips. Il s’en souvient encore : « J’étais parfaitement incrédule. J’ai saisi une Bible et je lui ai demandé de me montrer où il était question de la guerre du Golfe. Au lieu d’ouvrir le livre, Rips a cliqué sur la souris de son ordinateur. Sur l’écran où défilait le texte sacré, j’ai soudain distingué plusieurs caractères d’une même page cernés de cercles de couleurs différentes, qui formaient une espèce de mots croisés. Rips m’a sorti un tirage. On pouvait parfaitement recomposer les mots “ Hussein ”, “ Scud ” et “ missile russe ”. Il y avait également la mention de la date : “ Le feu du 3 de Shebat ”. Le 18 janvier 1991, le jour où l’Irak a lancé son premier missile sur Israël, le message décrypté par Rips provenait du même chapitre de la Genèse, le 14, celui qui relate les guerres d’Abraham avec les royaumes voisins. J’étais éberlué. »

Rips raconte ensuite au journaliste sous le choc comment il a fait cette découverte incroyable. Au début, il a suivi les traces du rabbin tchèque et de Newton, et comptait simplement les lettres. Puis les ordinateurs surévalués sont arrivés. Rips a saisi l’ensemble de l’Ancien Testament sur son disque dur et l’a transformé en une seule série continue de lettres, longue de 304.805 unités. L’ordinateur, en partant de la première lettre, recherche alors toutes les séquences alternatives possibles significatives, c’est-à-dire des mots qui apparaîtraient régulièrement si on lisait le texte en sautant des intervalles de 1, 2, 3, 4 lettres … jusqu’à des milliers. L’ordinateur recommence ensuite à la deuxième lettre, et ainsi de suite… « J’ai trouvé beaucoup plus de mots codés que les statistiques le prévoyaient, selon les lois du hasard », confie Rips à Drosnin. Il décide alors d’interroger le corpus sacré et il rentre dans son programme les noms de 32 sommités de l’Histoire, ainsi que leur date de naissance et de mort. Serait-il, « par hasard » codé dans le Livre des livres ?

Rips tente en parallèle la même expérience avec le roman russe Guerre et paix et deux autres textes témoins. Les chances de trouver par hasard l’information codée sont de 1 sur 10 millions. L’ordinateur travaille pendant 444 heures et, tout à coup, la « divine » surprise : une combinaison aléatoire fonctionne. Elle est dans la Bible. Et nulle part ailleurs. Rips communique le résultat de ses recherches à la revue Statistical Sciences ainsi qu’aux départements spécialisés en probabilités des plus grandes universités américaines, Yale, Harvard …

Après maintes controverses et contre-expériences, il est finalement publié. Ses adversaires hurlent à la supercherie, en disant qu’il est inévitable qu’on trouve des « groupes significatifs » dans la masse énorme de données de centaines de milliers de signes. Rips a les calculs pour lui : « Les chances que le nom entier de Rabin apparaisse associé à la prédiction de son assassinat sont de 1 sur 3.000. On estime en général qu’un rapport de 1 à 100 se situe au-delà du hasard. Les tests les plus stricts jamais utilisés sont de 1 à 1.000. » Entre-temps, Drosnin, fasciné, est devenu l’exégète du cryptographe de la Bible. Le vieux pro sceptique n’en revient pas lui-même. Mais c’est si fou! Lors de ses incessants voyages entre les Etats-Unis et Israël, Drosnin, angoissé par cette révélation si énorme, demande a Rips : « Et si ce n’étaient que des coïncidences? » Calmement le maître sort une pièce de sa poche et se met à jouer à pile ou face. Et il parle : « Si cette pièce est normale, elle tombera autant de fois d’un côté que de l’autre. Si elle tombe vingt fois de suite du même côté, c’est qu’elle est truquée. Autrement, la probabilité qu’elle réalise l’exploit de tomber sur pile ou face vingt fois successivement est de moins de 1 sur 1 million! La Bible est comme une pièce truquée : elle est codée. »

Après la mort de Rabin, Rips et Drosnin n’arrêtent pas d’interroger le texte d’où ils ont extrait les horribles informations prophétiques. Ils finissent par tomber sur une phrase : « tout son peuple à la guerre », associée à « holocauste d’Israël » et « armurerie atomique ». Date : 5756. Le dimanche 25 février, au matin, un kamikaze palestinien fait sauter un bus à Jérusalem. Bilan : 24 morts. Le processus de paix a été gravement agressé.

Rips et Drosnin vivent vissés à leurs machines. Bientôt, un nouveau message venu de la nuit des temps tombe sur leurs écrans de cruciverbistes fous : « fin des jours », connecté avec « holocauste atomique » et une date hyper-précise : 29 elul. Affolés, ils ont à nouveau pris contact avec les autorités israéliennes. Le plus curieux, c’est qu’ils ont été reçus et entendus ! Le 13 septembre 1996 (29 elul) était un jour radieux à Jérusalem. Hormis le lot quotidien de massacres, de crimes et de délits, c’était un jour ordinaire dans le monde. Il ne s’est vraiment rien passé d’exceptionnel. Aucun « cyber Hiroshima » n’a fait exploser le « Cinquième élément ». Nous sommes toujours là. Michael Drosnin aussi, qui publie un best-seller à nous mettre la tête à l’envers et qui précise gentiment, quand on lui fait remarquer que pour septembre 1996 il s’est bel et bien trompé : « Rappelez-vous ce que disait Einstein quand il évoqua “ Le secret du Vieux ”, “ Dieu ne joue jamais aux dés ”. ».

 

yogaesoteric
23 février 2018

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