Mondes en collision, les dix plaies d’Égypte n’ont pas eu lieu qu’en Égypte (3)

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Le Talmud rapporte également que les nuées apportèrent le pain céleste. Mais si la manne provenait des nuages qui enveloppaient le monde entier, elle n’a pas dû tomber sur le seul désert du Sinaï, mais partout.

 

D’autres peuples durent la goûter, parler d’elle dans leurs traditions. La tradition islandaise prétend qu’il y eu un embrasement du monde, suivi de l’hiver Fimbul, et qu’un seul couple humain resta vivant. « Ce couple se cacha dans un bois pendant le feu de Surt » ; puis vint « le terrible hiver Fimbul, à la fin du monde (âge) ; durant tout ce temps, ils vivent de la rosée du matin, et d’eux naquit la multitude qui peuple la terre régénérée ».

La tradition islandaise révèle donc les trois mêmes éléments, déjà rencontrés dans la tradition d’Israël : embrasement du monde, hiver et ténèbres qui durèrent plusieurs années, rosée matinale qui sert de nourriture pendant la longue nuit où la Terre était stérile.

Les maoris de Nouvelle Zélande parlent de vents sauvages, de nuages impétueux, qui déchaînèrent des raz de marée gigantesques hauts comme le ciel, et qu’accompagnaient de furieuses chutes de grêle.

L’océan s’enfuit ; la progéniture de la tempête et de la grêle fut « la brume, la rosée-épaisse, et la rosée légère ». Après le cataclysme, « il n’émergea de l’océan qu’un îlot de terre. Puis la lumière se répandit peu à peu sur le monde, et les êtres qui étaient cachés entre (le ciel et la terre) avant qu’ils ne fussent séparés, se multipliaient maintenant ».

La tradition des Maoris contient en substance les mêmes éléments que les récits israélites : « destruction du monde accompagnée d’ouragans, de grêle, de vagues hautes comme le ciel ; submersion du continent ; voile de brume longtemps étendu sur la terre ; chute de rosée lourde en même temps que de rosée légère, exactement comme dans le passage du livre des nombres » (11, 9).

Les textes bouddhistes rapportent que lorsqu’un cycle (du monde) se termine par la destruction du monde et l’asséchement de l’océan, il n’existe plus de distinction entre le jour et la nuit, et l’ambroisie céleste sert de nourriture. (Warren, Buddhism in translations, p 322).

Dans les hymnes du Rig-Véda, il est dit que le miel (MADHU) tombe des nuages. Ces nuages provenaient de la colonne de nuée.

Parmi les hymnes de l’Athava-Veda, il en est un consacré à l’averse du miel : « Du ciel, de la terre, de l’air, de la mer, du feu et du vent, la pluie de miel a en vérité jailli : celle-ci, revêtu d’amrite (ambroisie), toutes les créatures la vénèrent et l’acclament en leur cœur » (Hymns of the Atharra-Veda, p 229, Rigveda I, 112).

En Égypte, le Livre des morts cite les « nuages divins et la grande rosée » qui mettent la Terre en contact avec les Cieux.

Les Grecs appelaient ambroisie ce pain céleste. Les poètes grecs la décrivent dans les mêmes termes que la manne : « elle avait le goût de miel et était parfumée ». Ce pain venu du ciel a été un vrai casse-tête pour les érudits classiques. Les écrivains grecs, depuis Homère et Hésiode, n’ont cessé, pendant des siècles, de chanter l’ambroisie, nourriture du Ciel qui à l’état liquide s’appelle nectar. Il tenait également lieu d’onguent (Iliade XIV, 170), un onguent au parfum de lys, et de nourriture pour les chevaux d’Héra, quand elle rendait visite à Zeus en son Olympe. Héra (la Terre) s’en voilait quand elle quittait son frère Arès (Mars) pour courir à Zeus (Jupiter). Que pouvait-il bien être, ce pain céleste qui voilait la déesse planète, et servait également d’onguent ?

Du miel, ont prétendu certains érudits. Mais le miel est la nourriture ordinaire des mortels, tandis que l’ambroisie était réservée à la race des héros. Alors qu’était donc cette mystérieuse substance, qui servait de fourrage pour les chevaux, de voile aux planètes, de pain céleste aux héros, de boisson quand elle devenait liquide et d’huile parfumée pour les onguents ?

C’était cette même manne qui cuite au four, devenait du pain, et qui avait goût de miel ; elle recouvrait le sol, où bêtes et hommes l’y trouvaient ; elle enveloppait d’un voile la Terre et les corps célestes ; on l’appelait « blé du Ciel », « pain des puissants » ; elle était parfumée, et dans le désert servait d’onguent aux femmes. La manne comme l’Ambroisie était comparée au miel et à la rosée matinale.

La croyance d’Aristote et d’autres écrivains que le miel tombait du ciel avec la rosée, reposait sur le souvenir du temps où le voile de carbone étendu sur la Terre se précipitait sous forme de rosée et de miel.

Le Kalevala qualifie ses nuages d’« ombres redoutables » et de ces ombres, dit le poème épique, tombait du miel. « Venus de leur demeure céleste… les nuées filtraient leur parfum comme ils filtraient le miel » (Le Kalevala (trad Crawford) p XVI et Rune 9).

Les Maoris dans le Pacifique, les Juifs à la frontière de l’Asie et de l’Afrique, les Hindous, les Finnois, les Islandais, tous décrivent le miel miraculeusement tombé des nuages redoutés où glissait l’ombre de la mort, et qui enveloppèrent la Terre après le cataclysme cosmique. Toutes les traditions s’accordent pour déclarer qu’un corps céleste était à l’origine de cette pluie de pain céleste, que les nuages répandaient avec la rosée du matin.

La Sibylle proclame que le doux pain céleste tombait des cieux étoilés. Le Dieu-planète Ukko, ou Jupiter, était la source de ce miel tombé des cieux. Athéna recouvrit d’une « robe d’ambroisie » d’autres déesses-planètes, et elle dispensait le nectar de l’ambroisie aux héros.

Les fleuves de lait et de miel

Cette rosée solide se répandit en quantité énorme. La Hagadah affirme que la quantité qui tombait chaque jour eût été suffisante pour nourrir les hommes pendant 2000 ans (Midrash Tehillim sur Psaumes 23).

Tous les peuples d’Orient et d’Occident constatèrent le phénomène. Quelques heures après l’aube, la chaleur accumulée sous le voile des nuages liquéfiait les parcelles solides, et les volatilisait (Exode 16, 21).

Le sol absorbait une partie de cette masse liquide, comme il absorbe la rosée. Cette rosée tomba également sur l’eau, et les fleuves prirent une apparence laiteuse.

Les Égyptiens rapportent que pendant un certain temps, l’eau du Nil fut mélangée de miel. L’aspect des fleuves de Palestine était si étrange (dans le désert, les Israélites n’avaient rencontré aucun cours d’eau) que les hommes envoyés en reconnaissance la décrivirent à leur retour comme un pays où « coulent le miel et le lait » (Nombres 13, 27).

« L’huile pleut des cieux, le miel coule dans les oueds » déclare un texte trouvé à Ras-Shamra (Ugarit) en Syrie.

Dans la littérature rabbinique, il est dit que la « manne fondue forma des rivières, où se désaltéraient les daims et beaucoup d’autres animaux ».

Les hymnes de l’Atharva-Véda affirment que la pluie de miel venait du feu et du vent. Il tombait de l’ambroisie et des rivières de miel coulaient sur la Terre. « La grande Terre traita pour nous le miel précieux… nous versa le lait en riche torrents ». (Hymne à la déesse Terre, Atharra-Véda).

La tradition finnoise rapporte que la Terre fut couverte successivement de lait noir, rouge et blanc. La première et la seconde couleur était celles des substances, cendre et « sang », qui constituèrent les plaies ( Exode 7 et 9) ; la dernière est la couleur de l’ambroisie, qui se transformait en nectar sur la Terre et dans l’eau.

Ovide évoque aussi le souvenir d’une époque où «coulaient des fleuves de lait et des fleuves de nectar sucré » ( Métamorphoses, I, III, 112).
 
 
 

yogaesoteric

11 avril 2018

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