Une éleveuse bio poursuivie pour avoir soigné ses brebis par les plantes

Éleveuse bio à Bourdeaux dans la Drôme, Sandrine Lizaga a reçu un « rappel réglementaire » de la préfecture concernant les soins naturels qu’elle offre à ses 60 brebis laitières. Acte jugé non conforme à la réglementation européenne, Sandrine risque de perdre ses primes annuelles de la PAC qui la font vivre.

 

L’affaire a commencé le 6 août 2013, lorsque deux inspectrices de la Direction Départementale de la Protection des Populations (DDPP) sont venues effectuer un contrôle en vue des aides européennes et des conditions de leurs attributions.

Celles-ci ont été très étonnées en découvrant une pharmacie uniquement composée de tubes d’huiles essentielles et de granulés d’homéopathie. Sandrine raconte : « l’inspectrice ne savait pas ce qu’était un tube de granules, elle m’a demandé comment je faisais, je pensais que tout le monde connaissait l’arnica (plante vivace couramment utilisée sous forme de crème ou de pommade pour traiter différentes affections bénignes d’origine inflammatoire) ».

Suite à cette visite, l’éleveuse a reçu un courrier début septembre 2014 du directeur de la DDPP : « Ce contrôle a mis en évidence plusieurs non-conformités à la réglementation auxquelles je vous demande d’apporter les mesures correctives. L’utilisation d’homéopathie et d’huiles essentielles à des fins thérapeutiques sont soumises à prescription après examen des animaux par un vétérinaire ».

Installée à la ferme du Serre depuis bientôt 4 ans, cette mère de deux enfants ne savait pas si elle allait être pénalisée. Dans la lettre, la DDPP indique qu’elle risque une réduction de ses primes de Politique Agricole Commune. Ces aides représentent 40% de son chiffre d’affaire, l’équivalent du salaire qu’elle se verse. L’éleveuse craignait également d’autres sanctions comme l’interdiction de commercialiser ou la saisie de ses animaux.

C’est alors qu’elle décida d’alerter ses collèges et la confédération paysanne. Cet effort a payé, amenant un second rendez-vous et un nouveau courrier dans lequel l’administration admet que les médicaments homéopathiques ne sont pas soumis aux prescriptions d’un vétérinaire, par contre, les huiles essentielles et les plantes le sont. Ces dernières devant faire l’objet d’une autorisation de mise sur le marché garantissant leur innocence.

L’éleveuse se défend : « Mais si je vais ramasser de la prêle ou de l’ortie, des plantes minéralisantes pour mes bêtes, c’est interdit. Je ne joue pas à l’apprentie sorcière, je sais que les huiles essentielles ne sont pas anodines, j’ai suivi plusieurs formations avec des pharmaciens et des vétérinaires ».

Pour se mettre en conformité avec la loi, Sandrine Lizaga va devoir demander une ordonnance à sa vétérinaire, ce qu’elle trouve « totalement hypocrite ».

Les consommateurs, comme le gouvernement, plaident pour une baisse de l’usage des antibiotiques sur les animaux d’élevage. Encore une fois, on constate que la réglementation dans l’utilisation de méthodes alternatives est parsemée d’embûches. « Les solutions alternatives permettent de gérer 75% des maladies des troupeaux » affirme Philippe Labre, vétérinaire-formateur, considéré comme le grand spécialiste des médecines naturelles en élevage en France.
 
 
 

yogaesoteric

16 avril 2018

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