Big Brother : les progrès de la reconnaissance faciale vont-ils nous jeter dans un monde où il n’y aura plus nulle part où se cacher ? (2)

 

Lisez la première partie de cet article

Atlantico :
L’article du journal The Economist pointe les problèmes liés à la discrimination raciales et les discriminations sur le sexe des individus qui seront filmés. Des personnes pourraient sur ces seuls critères se voir refuser des postes notamment. Quel est la réalité sur ce problème ? La reconnaissance faciale pourrait-elle entraver les libertés individuelles ?

Jean-Paul Pinte : Les libertés individuelles et nos données personnelles seront automatiquement impactées par ces technologies de reconnaissance faciale et il y a fort à parier qu’il faudra redéfinir de nouvelles règles éthiques assez vite.

L’impact sera plus fort encore pour les personnes de couleur dont l’image pourra modifier l’appréciation du recruteur par exemple.

Un utilisateur du service Google Photos, une application capable de détecter le contenu de clichés, s’est ainsi plaint d’avoir été identifié comme un gorille par le logiciel.

Que dire aussi quand vous pourrez voir comme en Chine sur un grand écran votre visage, votre nom, votre adresse, si vous ne respectez pas le code de la route …

Le perfectionnement des caméras à reconnaissance faciale devrait aussi être à la source d’autres problèmes touchant à l’identité individuelle d’une personne en lui développant des composants à son ADN numérique. Ces outils pourraient pourtant avoir de nombreux débouchés. « On est intéressés par ce type d’outils, pour analyser le comportement des gens quand ils voient des publicités à la télévision, pour connaître leur degré d’acceptation et d’intérêt en voyant la publicité », explique François Klipfel, de l’institut GfK.

Autre utilisation en matière de sécurité, la caméra peut enregistrer une liste de visages, et donc repérer toute physionomie inconnue. Détectant la présence d’éventuels cambrioleurs dans une maison, la caméra peut envoyer le film sur smartphone à son propriétaire, qui pourra décider d’alerter les secours ou non.

Des systèmes de reconnaissance faciale comme les tests réalisés à la Gare du Nord et à l’aéroport de Roissy devraient pourtant aider à lutter contre le terrorisme et la délinquance dans ces lieux fréquentés.

Dans les démocraties, au moins, comme le précise l’article, la législation pourra aider à modifier l’équilibre des bons et des mauvais résultats. Les régulateurs européens ont en effet intégré un ensemble de principes dans la future réglementation de la protection des données, décrétant que les informations biométriques, qui incluent les « empreintes faciales », appartiennent à son propriétaire et que son utilisation nécessite un consentement – afin que, en Europe, contrairement à l’Amérique, Facebook ne puisse pas vendre simplement des publicités aux visiteurs. Les lois contre la discrimination pourront être appliquées à un employeur qui sélectionnerait les images des candidats. Les fournisseurs de systèmes commerciaux de reconnaissance faciale devront se soumettre à des audits, afin de démontrer que leurs systèmes ne mettent pas en doute leurs usagers. Les entreprises qui utiliseront ces technologies devraient être aussi tenues responsables.

Atlantico :
A quel point ce dispositif est-il déjà répandu ? Qui sont les gens, quels sont les métiers qui l’utilisent déjà ? Cette proportion de personnes concernées progressera-t-elle ?

Jean-Paul Pinte : Si le marché de la reconnaissance faciale parait récent il est né dans les années 70 et compte déjà de nombreux adeptes dans les stratégies des entreprises. Le marché de la reconnaissance faciale devrait croître ainsi à un rythme annuel de 28% jusqu’en 2018.

Le marché du marketing digital s’est engagé dans la technologie.

Du programme « Deepface » de Facebook au logiciel de Google « Facenet », il n’est rien de dire que la reconnaissance faciale représente depuis plusieurs années déjà un enjeu colossal pour les géants du web.

Adossée à des programmes d’intelligence artificielle de plus en plus évolués, ceux-ci ambitionnent de référencer le plus grand nombre de visages à des fins commerciales à peine déguisées ou via dans le marketing via des panneaux interactifs qui modifient la publicité en fonction du nombre d’interaction avec le passant…

Facebook peut ainsi identifier près 1 milliard de personne grâce à la reconnaissance faciale. Quid des photos prises en selfies ?

Pour ne pas tous les citer ici tant ils tendent à se développer, on peut néanmoins insister sur les dernières nouveautés proposées par de grands groupes.

Les métiers de la sécurité l’utilisent également en la combinant à un système de vidéosurveillance et cela permet d’interpeller des personnes recherchées. Puis, elle est utilisée par les organismes bancaires, et est aussi mise en place dans la conduite d’une voiture, Bosch a même proposé au dernier salon de Las Vegas son système de reconnaissance faciale et de personnalisation intelligente.

Une caméra (Driver Monitor Camera) permet une reconnaissance faciale et une personnalisation dès l’arrivée du conducteur. La voiture règle alors par exemple le volant, les rétroviseurs, la température dans l’habitacle ou encore la station de radio. La caméra est aussi capable de détecter le niveau de vigilance du conducteur. Si ce dernier risque de s’endormir, la voiture émet une alerte.

Delta Air Lines teste aussi la reconnaissance faciale et parle d’une « évolution naturelle » pour améliorer les services en aéroports avec ces dépôts de bagages automatisés et utilisant cette technologie. Les quatre machines rejoindront le RFID (identification par fréquence radio) pour lequel elle est « leader de l’industrie », les kiosques à billet d’avion ou l’enregistrement via l’app Fly Delta Mobile, qui ont déjà « décongestionné les halls d’aéroports et amélioré de façon drastique la satisfaction des clients ».

Dans le monde du smartphone, Synaptics a collaboré avec KeyLemon pour un système qui peut être utilisé aussi bien sur smartphone, tablette, que PC portable. L’utilisateur peut choisir s’il préfère utiliser l’empreinte ou la reconnaissance faciale pour son appareil. Il peut également combiner les deux pour plus de sécurité, tout dépendra des services proposés par les fabricants et leurs appareils.

En ce qui touche à la santé, des généticiens ont utilisé un système de reconnaissance faciale pour repérer une maladie génétique rare. Une avancée qui pourrait améliorer le dépistage.

Dans les transports une expérience d’un an à l’aéroport de Roissy a été menée. Cinq sas sont présents depuis le 28 décembre 2016 à l’aéroport Paris-Charles de Gaule. C’est encore une expérimentation. Elle s’est terminée en décembre 2017. Ces sas sont situés dans le terminal 2F. Près de 20.000 visages de personnels navigants, des pilotes, des hôtesses et des stewards, ont déjà été contrôlés de cette façon. Des passagers européens, à qui on a expliqué le système, ont accepté d’utiliser ces sas. A la Gare du Nord, les voyageurs qui prennent l’Eurostar, passent désormais dans des sas de contrôle qui intègrent la reconnaissance faciale.

Une nouvelle start-up française appelée Start me up a proposé au CES 2016 un logiciel de reconnaissance faciale et d’analyse de visage en temps réel. La start-up grenobloise fait appel à des technologies de machine learning et d’intelligence artificielle.

Comme le signale Digital Colab, on voit que les usages qui découlent de la reconnaissance faciale sont multiples, on peut « tagger » automatiquement des individus figurant sur une vidéo ou participer à la protection des mineurs. Les nouvelles technologies d’analyse des images permettent de détecter les expressions des visages, l’âge, ainsi que les caractéristiques physiques. Les applications se trouvent aussi désormais dans la photo, l’électronique embarquée ou encore la robotique.

 

yogaesoteric
15 mars 2018


 

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