Pandémie et politique de survie – Les perspectives d’un nouveau type de dictature post-libérale (1)

 

Voici les mots du Président Macron le 19 mars 2020: « Le jour d’après, quand nous aurons gagné, ce ne sera pas un retour au jour d’avant ».

L’article qui suit explique cette phrase dans ce qu’elle ne dit pas – à savoir sa dimension la plus perverse et la plus totalitaire quant à un futur déjà En Marche: il n’y aura pas de retour au « monde d’avant ». Quand le Président Macron dit « nous », il est impossible d’entendre «tous les Français». Ce « nous » constitue le régime dictatorial ET mondial rapidement mis en place et qui représente une entité totalement nouvelle, une entité tellement sombre qu’elle fait passer le régime Nazi pour des enfants de chœur.

« Notre conscience refuse de croire à des changements aussi colossaux, et surtout à leur irréversibilité. Mais nous devons le faire. Il est préférable de les conceptualiser et de les comprendre à l’avance – maintenant, tant que les choses ne sont pas encore devenues aussi critiques que présenté ici. »

Nous assistons actuellement à l’effondrement global de l’ordre mondial. Peu importe que la nature du coronavirus soit artificielle ou pas – et quand bien même le Covid-19 est artificiel – qu’il ait été délibérément libéré par le « gouvernement mondial » ou pas n’est même pas primordial. L’épidémie a commencé – c’est un fait. L’essentiel est maintenant de savoir comment le « gouvernement mondial » y a réagi.

L’effondrement de l’ordre mondial libéral et de ses fondements

Pour clarifier, le « gouvernement mondial » est constitué par l’ensemble des élites politiques et économiques mondiales et des intellectuels et médias (médiacratie) qui les servent. Un tel « gouvernement mondial » existe nécessairement, puisqu’il existe à l’échelle mondiale des normes fondamentales strictement définies qui déterminent les paramètres de base de la politique, de l’économie et de l’idéologie.

Dans l’économie, la seule norme reconnue est le capitalisme, l’économie de marché – qui n’est contestée que par la Corée du Nord, et non par la Chine, et c’est très important – qui présente sa propre version du capitalisme d’État national sous la direction du parti communiste.

En politique, la seule norme reconnue est la démocratie libérale parlementaire, fondée sur la société civile comme sujet et source de légalité et de légitimité – outre la Corée du Nord, presque tout le monde est d’accord avec cela, bien que la Chine interprète la « société civile » dans une optique socialiste particulière et partiellement nationale-culturelle, et procède à un filtrage médiacratique par des moyens autres que les élections parlementaires directes; et certains États islamiques comme l’Iran et les monarchies du Golfe présentent un certain nombre de particularités.

Sur le plan idéologique, tout le monde est d’accord avec l’idée que tout individu a un certain nombre de droits inaliénables – à la vie, à la liberté de conscience, à la liberté de mouvement, etc. – que tous les États et sociétés sont tenus de garantir.

Ce sont essentiellement les trois principes de base du monde global qui a émergé après l’effondrement de l’URSS et la victoire de l’Occident capitaliste dans la guerre froide. Les principaux acteurs politiques, économiques et idéologiques sont concentrés dans les pays occidentaux, qui servent de modèle aux autres. C’est là que se trouve le cœur du « gouvernement mondial ». Au sein de ce gouvernement, la Chine commence à jouer un rôle de plus en plus important, vers laquelle l’élite de la Russie et de tous les autres États se précipite.

Le fait que le coronavirus soit artificiel n’est pas si important

Peu importe ici que le coronavirus ait été produit artificiellement et délibérément utilisé par le « gouvernement mondial ». Mais c’est CE monde, sous le parrainage d’un tel « gouvernement mondial » doté de ses trois fondements axiomatiques, qui s’effondre sous NOS yeux. Cette situation ressemble à la fin du camp socialiste, du monde bipolaire et de l’URSS; mais tandis que l’un des deux mondes disparaissait, l’autre s’est maintenu et a étendu ses règles à tous les autres, y compris à ses opposants d’hier. Gorbatchev lui-même voulait entrer dans le « gouvernement mondial » sans dissoudre l’URSS, mais son souhait n’a pas été exaucé. Les dirigeants pro-occidentaux de la Fédération de Russie qui se sont rendus à l’Occident n’y ont pas non plus été admis. Et ils ne le sont toujours pas. Et aujourd’hui, ce même « gouvernement mondial » est en train de s’effondrer. Aurait-il pu opter volontairement pour une auto-liquidation? Pas du tout. Mais il a réagi au coronavirus comme à quelque chose d’inévitable, et c’était un choix.

La liberté, le choix de reconnaître ou pas l’existence du coronavirus existait. Et en déclarant le Covid-19 pandémique, le « gouvernement mondial » a signé son propre arrêt de mort. L’a-t-il fait consciemment? Pas plus – ou pas moins – consciemment que Gorbatchev lors de la Perestroïka. Dans le cas de l’URSS, un pôle a disparu, tandis que l’autre est resté. Aujourd’hui, la fin de la démocratie libérale planétaire signifie la fin de tout. Ce système n’a pas d’autre paradigme – sauf pour la version compromise de la Chine, ou pour la Corée du Nord qui demeure toujours un pur anachronisme, bien qu’il soit très intéressant.

L’OMS aurait-elle dû vaincre le coronavirus, et si oui, comment?

Le coronavirus a déjà répandu une telle onde de choc que ni la politique, ni l’économie, ni l’idéologie ne s’en remettront. La pandémie aurait dû être traitée par les institutions existantes, en mode normal, sans changer les règles de base:
-Ni en politique – c’est-à-dire pas de quarantaine, pas d’isolement forcé, et encore moins d’état d’urgence;
Ni dans l’économie – pas de travail à distance, pas d’arrêt de la production, des bourses et des institutions financières et industrielles ou des plateformes de négociation, pas de vacances, etc.;
Ni dans l’idéologie – aucune restriction, même temporaire, des droits civils essentiels, de la liberté de circulation, de l’annulation ou du report des élections, des référendums, etc.

…mais tout cela s’est déjà produit à l’échelle mondiale, y compris dans les pays occidentaux, c’est-à-dire sur le territoire du « gouvernement mondial » lui-même. Les fondements mêmes du système mondial ont été suspendus.

C’est ainsi que nous percevons la situation actuelle. Pour que le « gouvernement mondial » prenne une telle mesure, il fallait qu’il y soit contraint. Par qui? Après tout, il ne peut tout simplement pas y avoir de plus haute instance d’autorité que l’humanité moderne matérialiste, athée et rationaliste…

Le libéralisme comme résultat final du Temps Nouveau

Remettons cette question à plus tard et examinons maintenant la trajectoire historique plus large du système mondial libéral-démocrate moderne, c’est-à-dire le gouvernement des « élites politiques libérales » – parlementarisme –, les grands acteurs économiques – oligarques et monopoles transnationaux – , les idéologues de la « société ouverte » et les journalistes qui les servent – y compris les modérateurs d’opinions sur les réseaux sociaux et l’Internet. La source de ce système doit être recherchée à la fin de la Renaissance et dans le « Temps Nouveau » – début de la Modernité – qui en est issu, période qui a connu une rupture fondamentale avec le Moyen Âge en ce qui concerne la question du pouvoir et, par conséquent, sa nature même. Au Moyen Âge et dans l’ensemble de la société de tradition, la légitimité et la légalité du modèle politique de la société étaient fondées sur le facteur transcendant – surhumain, divin. Le sujet suprême du pouvoir et de la loi était Dieu, ses révélations et les lois et cadres qu’il a établis, ainsi que les institutions qui étaient considérées comme ses représentants sur Terre: dans le monde chrétien, il s’agissait de l’Église et de l’État monarchique. La nouvelle époque de la modernité a aboli cette verticale et s’est fixé pour objectif de construire une société sur une base matérialiste. Ainsi, le sujet principal et la source de légitimité et de légalité devinrent l’homme, et le « gouvernement céleste » – le « gouvernement supra-mondain » – fit place au « gouvernement matérialiste ». La politique, l’économie et l’idéologie ont en conséquence changé: la démocratie, le capitalisme et la société civile ont émergé.

Pendant plusieurs siècles, ces principes ont combattu l’ordre ancien – médiéval – jusqu’à la chute au 20e siècle des derniers empires – russe, ottoman, autrichien et allemand. Cependant, la démocratie libérale devait encore faire face à des versions hérétiques (du point de vue libéral) de la modernité comme le communisme et le fascisme, qui, à leur manière, interprétaient la « société civile » et l’être humain comme tels: le premier dans une optique de classe et le second en termes nationaux ou raciaux. En 1945, les communistes et les libéraux ont conjointement mis fin au fascisme, et en 1991, les communistes sont tombés. Il ne restait plus que les libéraux, et désormais le « gouvernement mondial » est passé d’un projet planifié à une quasi réalité, puisque tous les pays et sociétés ont reconnu les normes de la démocratie, du marché et des droits de l’homme. C’est ce que Francis Fukuyama a voulu dire dans son livre La fin de l’histoire et le dernier homme. L’histoire de cette nouvelle époque a commencé lorsque l’objectif qui consistait à remplacer le sujet céleste par le sujet terrestre a été fixé, et elle s’est terminée lorsque ce remplacement a été accompli à l’échelle mondiale.

La fin du monde libéral et ses parallèles avec la fin de l’URSS

Aujourd’hui, au lieu de vivre la fin de l’histoire, c’est-à-dire au lieu du triomphe total de la démocratie libérale, du capitalisme mondial et de l’idéologie de la « société ouverte » – droits de l’homme en tant qu’individu –, nous nous sommes effondrés du jour au lendemain dans des conditions totalement nouvelles. C’est aussi inattendu que la fin de l’URSS. Même après 1991, beaucoup de gens ne pouvaient pas croire que le système soviétique avait disparu, et certains ne peuvent toujours pas aujourd’hui le réaliser. Bien sûr, la fin du mondialisme a été pressentie par certains penseurs critiques. Elle a été évoquée par les conservateurs : la forte montée de la Chine (qui représente un modèle particulier de mondialisme), le refus de Poutine de céder en 2012 le pouvoir au manipulable et contrôlable Medvedev (du moins, l’Occident croyait qu’il l’était), et peut-être surtout, le Brexit et la montée du populisme, pourraient tous être considérés comme des signes clairs que – en dépit de sa proximité avec le stade ultime – le mondialisme a non seulement été incapable d’atteindre efficacement la « fin de l’histoire », mais commence paradoxalement à s’en éloigner. Sur le plan philosophique, les postmodernistes ont commencé à y réfléchir, en proclamant haut et fort que quelque chose clochait dans la modernité.

Mais l’histoire n’a plus d’autre choix : elle doit soit avancer dans l’inertie qu’elle a connue au cours des derniers siècles – depuis le Temps Nouveau et les Lumières – soit s’effondrer. Tout le monde croyait que tout se résoudrait, d’une manière ou d’une autre, et que la seule chose à considérer était d’affronter efficacement ceux catégorisés comme les « ennemis de la société ouverte », c’est-à-dire Poutine, l’Iran, le fondamentalisme islamique, ou la nouvelle montée des mouvements nationalistes répondant rapidement à la crise migratoire de masse. En général, personne n’a pensé à une alternative, voire l’a même consciemment écartée. C’est la raison pour laquelle le système libéral mondial a échoué et s’est effondré en pleine crise majeure. Presque personne ne l’a encore compris, mais cela s’est déjà produit. Et cela s’est produit de manière irrévocable. Le coronavirus, de par son existence même et surtout de par la manière dont le « gouvernement mondial » y a répondu, est devenu la fin du monde moderne.


(à suivre)

 

yogaesoteric
12 septembre 2020


 

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